Marc Teissier
du Cros
faiseur de disques
Si le nom de Marc Teissier du Cros vous échappe, les noms suivants devraient en revanche vous dire quelque chose: Air, Sebastien Tellier, Kavinsky, Klub des Loosers, Turzi… depuis sa création en 2000, le label indépendant Record Makers, dont Marc est l’un des fondateurs, a révélé parmi les meilleurs artistes du paysage musical français et multiplié les albums cultes.
À ajouter à la déjà longue liste des sorties incontournables du label, le livre Produce, qui fait office de fanzine du label. Le concept ? En 2014, Marc a accompagné l’artiste plasticien Xavier Veilhan à Los Angeles, à la rencontre de dix-huit producteurs de musique mythiques. Pendant que Xavier Veilhan faisait le scan 3D complet de ces artistes de l’ombre pour son exposition Producers (exposée a la galerie Perrotin en 2015), Marc leur passait de la musique et discutait avec eux de leur travail. Ce projet ambitieux les a amenés à voyager entre Los Angeles, New York, Londres et Paris, et à rencontrer entre autres Quincy Jones, Daft Punk, Brian Eno, Rick Rubin, Giorgio Moroder…
Le premier volume de Produce, sorti en octobre dernier, présente quatre entretiens passionnants avec Timbaland, Swizz Beatz, Pharrell Williams et Chad Hugo sous forme d’essais. À l’occasion de sa sortie, nous avons rencontré Marc Teissier du Cros pour lui soutirer des anecdotes folles, et lui demander ses recommandations culturelles.
Les recommandations de Marc
L’exposition “Treasures from the Wreck of the Unbelievable” de Damien Hirst
Il fallait se rendre à Venise pour la voir. Damien Hirst avait retrouvé un trésor enfoui sous les mers, et l’exposait. Mmmmh, on voyait bien que c’était bidon, son ‘trésor’. Mais après avoir vu les centaines d’oeuvres exposées, on ne pouvait que s’incliner devant tant d’audace, de rouerie, de travail, d’ambition, de vista et surtout, d’humour. Il fallait que ça soit l’œuvre d’un anglais: c’était Avatar par les Monty Python.
Mauvaise nouvelle : l’exposition a fermé début Décembre. Bonne nouvelle : elle a fait l’objet d’un documentaire, disponible sur Netflix, à voir absolument.
→ voir la vidéo officielle de l’exposition au Palazzo Grassi de Venise
Le livre “La disparition de Karen Carpenter”, de Clovis Goux
Un livre qui nous conte la maladie grave d’une chanteuse pop plus décadente qu’on pourrait le croire, étant donné la musique sublime qu’elle a produite avec son frère, avec qui elle formait le groupe The Carpenters dans les années 70.
Le tout dans le contexte de fin du rêve hippie, de misère intellectuelle de la classe moyenne américaine et de désastre des banlieues pavillonnaires. Et comme Clovis Goux est un journaliste musical qui sait de quoi il parle, la musique est très bien évoquée, et le cocktail est spécial !
Le film “The Square”, de Ruben Östlund
Un choix facile, c’est la dernière Palme d’Or. Il faut saluer Cannes : Ruben Östlund a pondu un film savant, hyper drôle, et sociologiquement juste qui lance un nouveau ton. Un directeur de musée au top de sa vie professionnelle bien plan-plan pète les plombs après s’être fait voler son iPhone et sort de sa zone de confort, pourtant bien large ! Des gags à la Tati ou Buñuel sur l’embourgeoisement, l’ère de la communication et la différence culturelle, et une bonne dose de nausée contemporaine font de ce film un must.
L’album Flower Boy de Tyler, The Creator
Avant cet album, j’avais plus de respect pour Tyler que d’admiration. Le mec avait su développer sa musique d’ado exubérant et sa marque de fringues au goût nickel à coups de scandales médiatiques et d’apparitions-choc comme personne. Mais sur Flower Boy, la musique s’impose, enfin. A&R hors pair, Tyler s’est entouré d’une essence de collaborateurs connus ou non, qui interviennent parfaitement à-propos sur un lit musical jazz-funk hyper bien senti. Et le miracle opère : en cette ère de vénération du morceau (ou single), c’est l’album en entier qui s’écoute, comme un programme fou et sensible. Les perles s’enfilent, et la bonne nouvelle c’est que les meilleures sont à la fin.
Le restaurant “Zeng” à Paris
Juste sous la Place de Clichy, un micro-spot façon Hong Kong qui sert des ‘bowls’ sains et frais, des dim sum de haut niveau et des desserts glacés uniques en ville. En sus, l’accueil est délicat, la musique d’ambiance chinée et le prix très réglo.
Zeng
8, rue de Vintimille 75009 Paris
https://www.facebook.com/zengparis1/